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Association les P'tits d'Ânous


De l'âne de la Bible à ceux du jardin

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Christine Aulenbacher avec Inno'Sens (à gauche) et Ignace, les ânes miniatures qui forment avec elle l'indissociable trio de l'association Les P'tits d'Ânous.

Difficile de consacrer un numéro de l'almanach à saint Joseph sans évoquer en filigrane l'emblématique animal qu'est l'âne. L'iconographie du père adoptif du Christ nous le révèle quasi systématiquement aux côtés du quadrupède à grandes oreilles lors de la fuite en Egypte. Pourtant à bien y regarder, l'âne est absent de l'épisode tout comme de celui de la crèche, d'ailleurs. Pour nous éclairer sur cette épineuse question et bien d'autres encore, nous avons fait appel à une spécialiste. Christine Aulenbacher est enseignante chercheuse en théologie, mais aussi fascinée par les ânes depuis sa plus tendre enfance.

Si l'âne apparaît bel et bien dans la Bible, ce n'est pas dans l'épisode de la fuite en Egypte tel qu'il est relaté par saint Matthieu (1. 13-15) :
13 Après leur départ, voici que l'ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l'enfant et sa mère, biblistes, etc. C'est l'avantage et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu'à ce que je t'avertisse, car Hérode va rechercher l'enfant pour le faire périr. » 14 Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l'enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu'à la mort d'Hérode, pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : D'Égypte, j'ai appelé mon fils.


Ici, nulle trace de l'âne. « Celui-ci n'entre en scène que dans les Evangiles dit apocryphes*, nous explique Christine Aulenbacher. A ce moment-là, on lui donne même un nom, il s'appellera Tito. »
Bien sûr, l'âne n'est pas totalement absent du Livre pour autant. Ainsi, l'entrée de Jésus à Jérusalem se fait bien, cette fois, sur un ânon. « Ce n'est pas rien que Jésus ait choisi un âne » poursuit Christine Aulenbacher. En effet, si le cheval est souvent perçu comme un attribut guerrier, l'âne, lui est celui de la paix.
Après une carrière amorcée dans l'enseignement au lycée de Saint-Avold, en Moselle, Christine Aulenbacher soutient une thèse à la faculté de théologie catholique de Strasbourg. Aujourd'hui enseignante chercheuse, son travail se déploie dans le domaine de la théologie pratique, la pastorale alliant pédagogie et spiritualité. « J’enseigne à de futurs prêtres et laïcs en licence, master et doctorat. J'aime bien travailler dans l'interdisciplinarité avec des sociologues, des psychologues, des théologiens, des biblistes, etc. C'est l'avantage de la théologie pratique. »

 

 

 

 

Ci-contre, l'âne sculpté par Frère Ginepro, Père Abbé de l'abbaye de Tamié. Il s'agit de l'âne Tito dont parlent les apocryphes qui s'agenouille devant l'Enfant Jésus.

Transmettre la foi

Par ailleurs directrice de collection pour le compte de l'éditeur allemand Lit Verlag, Christine interroge aussi la manière de transmettre la foi. « On ne transmet pas la foi, mais des contenus de la foi et un témoignage de foi. La foi est don de Dieu » assure-t-elle. « Vivons de telle façon qu'à notre seule façon de vivre on pense que c'est impossible que Dieu n'existe pas, je ne sais plus qui a dit cela, mais c'est exactement le fond de ma pensée : être un témoin en vivant en cohérence avec l'Evangile. » C'est peut-être ainsi qu'a mûri l'idée d'éduquer des ânes pour de vrai. (On notera au passage qui si pour l'enseignante, on élève un cheval, l'âne, lui, se laisse éduquer.)

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« Lorsque j’avais sept ou huit ans, mon père m'a emmené faire une balade au pas de l'âne. Je me suis toujours dit qu'un jour j'aurais moi aussi des ânes et ce jour est arrivé. »
Voilà deux ans et demi qu'Ignace, le mâle brun et Inno'Sens la femelle blanche et mouchetée, sont entrés dans son existence. Ils avaient à peine six mois lorsque Christine Aulenbacher les a recueillis. « Je me suis dit qu'il était inutile d'attendre la retraite : la vie est tellement fragile, vivons l'instant présent ! »

Medit'Ânes

Nés en 2018 dans la ferme de Bel'Âne, en Provence, les deux pensionnaires de Christine Aulenbacher se sont parfaitement acclimatés à leur nouvel environnement de vie et de jeu, ainsi qu'à l'Alsace/Moselle et à son climat, même si comme le reconnaît Christine, les petits ânes craignent l'humidité. Pour leur bien-être, leur Mère-Ânesse a donc bâti un box dans son jardin. Un jardin dont ils apprécient pareillement la pelouse, épargnant à leur propriétaire l'usage de la tondeuse. « S'occuper d'eux est un travail quotidien. Le matin, je leur change la paille. Ce petit moment est mis à profit pour penser ma journée et pour méditer » explique Christine qui partage régulièrement ses Medit'âne avec les lecteurs de l'Ami hebdo.
« Ce que j'aime beaucoup chez l'âne, c'est sa grande mémoire. On dit que l'âne est têtu, mais il n'est ni têtu, ni entêté. Il et entêtu. Autrement dit, il sait ce qu'il veut ! », s'amuse celle qui tient à redresser un autre tort fait à son animal favori : « Au cours des siècles, on a fait du bonnet d'âne un instrument d'humiliation de l'enfant pour lui dire qu'il était « bête comme un âne ». Mais l'âne est loin d'être bête. D'ailleurs, au XVIII. siècle, lorsqu'est née cette tradition, on mettait des bonnets d'âne aux enfants pour leur dire « fait comme l'âne, regarde comme il sait écouter ».

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Echanges au pas des ânes

Mais ne nous y trompons pas, pour Christine Aulenbacher, posséder des ânes dépasse la simple satisfaction d'avoir un animal de compagnie, fut-il aussi original. « Le fait d'avoir des ânes s'inscrit depuis le départ dans un projet plus large. Un projet à la foi pédagogique et social » détaille-t-elle. D'où la création de l'association Les P'tits d'Ânous, dont le nom même joue avec leur taille miniature et le fait que les ânes sont littéralement « à nous », comme l'explique la fondatrice de l'association. « L’association a pour but de proposer des activités éducatives, sportives, intergénérationnelles, interculturelles, solidaires et humanitaires » comme l'égraine son programme. « L’idée première est de marcher au pas des ânes, de marcher ensemble dans un esprit d'échange et de gratuité. » insiste Christine Aulenbacher qui se déplace, à la demande auprès des structures périscolaires mais peut tout aussi bien encadrer une balade de particuliers à la découverte de la nature voire des chapelles environnantes.

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A quelques mètres seulement de son lieu de résidence, Christine Aulenbacher a mis un panneau en terre. L'ânière propose en effet aux personnes intéressées de les fournir gratuitement en crottins d'âne. « Le crottin d'âne est considéré comme un fumier chaud. Comme celui de cheval, il est utilisé pour faire des couches chaudes pour les semis. Exempt de grains ou aliments non digérés, le fumier d'âne améliore la qualité des sols lourds, froids et humides. Il a également l'avantage de ne pas développer de champignons. La courge et la rhubarbe l'apprécient beaucoup. » peut-on lire sur l'une des fiches pédagogiques rédigées par Christine pour aider les personnes intéressées à mieux connaître son animal favori.


 « Cela demande un temps d’adaptation » assure Christine qui suit en parallèle une formation d'ânière. « On ne balade pas un âne comme on promène un chien ! » A terme, la fondatrice de l'association Les P'tits d'Ânous envisage d'étendre son action pour se porter notamment au-devant des personnes âgées dans les maisons de retraite, mais aussi accompagner les personnes en situation de handicap, notamment celles souffrant d'autisme. Convaincue du bienfait de la relation homme-animal et bien que formée en psychologie, Christine rechigne toutefois à employer le mot de thérapie, lui préférant de loin celui de médiation animale. Pour elle, le contact avec ces petits êtres fait parfois des miracles. Car s'ils sont muets, ils ne sont pas pour autant dépourvus d'entendement. « Il faut leur parler, je pense qu'ils comprennent tout » assure leur propriétaire. La devise de l'association n'est-elle pas : Ecoute, prête l'oreille de ton cœur ? « Il s'agit du début de la règle de saint Benoit. Si cela peut aider des gens à être attentif aux appels du monde ».

  • On désigne comme Evangiles apocryphes, les Évangiles non reconnues comme authentiques, composés la plupart du temps à une époque postérieure à celle des contemporains du Christ.
  • Pour découvrir les propositions d'activités de l'association en Alsace et en Moselle, rendez-vous sur la page Facebook : Les P'tits d'Ânous.
  • Contact : 06 10 34 50 32

 

 

 

L'âne et ses représentations sont omniprésents au domicile de Christine Aulenbacher

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Des ânes miniatures de Sardaigne à l'Amérique... et retour !

Les ânes miniatures de Christine Aulenbacher ne sont pas des ânes nains, mais une variété particulière d'ânes encore très peu connue en Europe. Pour en faire l'acquisition, la fondatrice des P'tits d'Anous s'est tournée vers la ferme de Bel'ânes, en Provence, qui s'est spécialisée depuis 2010 dans la ré-importation et l'élevage de cette variété.
« Contrairement à ce que le laisse supposer son nom, l'âne miniature est issu du bassin méditerranéen, principalement de Sardaigne. De petite taille mais solide et gros travailleur (agriculture, travaux forestiers, ravitaillement...), cet âne avait pratiquement disparu au début de l'ère industrielle pour laisser sa place aux engins motorisés. C'est au début du XXème siècle qu'un Américain, Robert Green, s'est pris de passion pour cette race et a exporté pour la première fois des « petits ânes » aux Etats Unis, en 1929. (source : Wikipédia). Les Américains ont très vite adopté ces compagnons, en ont très développé l'élevage, et, en 1958, ont créé le premier Stud Book (registre d'identification : le Miniature Donkey Registry). Pour faire partie du MDR, l'âne ne doit pas dépasser 36 inches au garrot à l'âge adulte (3 ans), soit 91,44 cm. Les ânes miniatures appelés « ânes miniatures méditerranéens » par les Américains sont importés aujourd'hui des USA pour en développer l'élevage en Europe. Ce sont des ânes dociles, particulièrement affectueux (...). Leur petite taille, leur rusticité et leur peu de besoin (3 Kg de foin par jour) fait de l'âne miniature un compagnon idéal, peu encombrant. Cette race n'est pas reconnue en France, mais cela n'enlève rien à ses grandes qualités. » peut-on lire sur le site de la ferme Bel'Âne (www.belane.fr)
« Leur durée de vie peut atteindre 45 ans » ajoute Christine Aulenbacher. Soucieuse du devenir de ses petits pensionnaires, celle-ci a déjà prévu qu'ils retourneraient à la ferme en ont de Bel'Âne pour leur retraite, s'il lui arrivait de disparaitre avant ses jeunes compagnons.